Propriétés Le Figaro

Portrait

Antoine Courtois et l’Atelier Mériguet-Carrère, Peintres de l’excellence

Antoine Courtois et l’Atelier Mériguet-Carrère
De L’Opéra de Paris aux appartements privés, l’Atelier Mériguet-Carrère, dirigé par Antoine Courtois, perpétue depuis plus de 45 ans des techniques ancestrales de peinture, de décoration et de dorure. Portrait d'un artisanat moderne.

Difficile d’imaginer que l'Atelier Mériguet-Carrère n’existe que depuis 1960, tant le savoir-faire de ses artisans semble nourri par des siècles d'histoire, tant leurs réalisations sont chargées de l’expérience que seul le temps apporte. La vocation de la maison ? La peinture sous toutes ses formes, mais dans les règles de l’art. En version haut de gamme. Avec le trompe-l’œil, le décoratif, les dorures et la restauration comme spécialités. Ici, les artistes travaillent le grand décor classique comme autrefois et renouent avec des techniques anciennes pour répondre aux commandes les plus folles aux quatre coins du monde. Ils perpétuent ainsi la tradition du cuir gaufré et peint à la main, ou encore doré, que l’on appelle cuir de Cordoue. Faux galuchat (un cuir de poisson), effet marbre ou bois sont des techniques du quotidien dans cet atelier où l’on imite aussi tissus, ors et nacres à la perfection.

Transmettre les connaissances

Classé “entreprise du patrimoine vivant”, l’Atelier Mériguet-Carrère collabore avant tout avec les architectes des Monuments historiques, et bien sûr avec les plus grands décorateurs internationaux. “Nous sommes à leur écoute, à leur service, pour leur offrir un travail personnalisé de qualité. Nous ne sous-traitons rien”, explique Antoine Courtois, ingénieur des arts et métiers, architecte DPLG et chef d’orchestre enthousiaste, qui a pris le relais du fondateur Paul Mériguet il y a une quinzaine d’années, par hasard. Magie des rencontres. À ses côtés, 90 salariés travaillent aujourd’hui à la commande, de la plus simple à la plus compliquée, dans deux ateliers parisiens. Les “prototypes” sont la plupart du temps mis au point dans les locaux historiques de la maison, dans le XVe arrondissement, tandis que les décors de grande taille sont fabriqués dans l’espace plus adapté de la rue Chapon, dans le IIIe. Partout, l’esprit de compagnonnage est bien vivant – certains artisans affichent paisiblement 40 ans de maison ! – et la transmission des connaissances d’homme à homme, de l’ancien à l’apprenti, est une préoccupation revendiquée. C’est probablement aussi cette culture maison qui fait la touche Mériguet-Carrère, définitivement unique.

Opéra de Paris, palais privés, boutiques de luxe…

Mais il ne faut surtout pas se fier aux apparences. Derrière le sur-mesure à l’ancienne, les pigments de couleur, le blanc de Meudon et la colle de peau qui perdurent dans l'atelier, les recherches les plus pointues y sont menées, les procédés les plus innovants y sont déclinés. Quitte parfois à bousculer la tradition en détournant les techniques pour initier une “communication dans les règles de l’art” entre les travaux les plus contemporains et la restauration à l’ancienne. “On réinvente rarement, on réutilise”, commente encore le bouillonnant PDG à l’allure juvénile, qui veille au grain et à la nuance. De l’Opéra de Monte-Carlo à celui de Paris, du théâtre de l’Athénée à celui des Champs-Élysées, des monuments historiques aux églises, des appartements ou palais privés aux boutiques de luxe, d’espaces préservés en lieux d’exception, l’Atelier Mériguet-Carrère intervient sur les chantiers les plus prestigieux – publics ou privés –, apportant le regard de ses artistes et l’expérience de ses équipes. À chaque fois, un premier état des lieux – très précis – permet d’évaluer les différentes interventions à programmer, les surfaces à traiter et les altérations à reprendre dans le plus grand respect du style de l’ensemble. Qu’il s’agisse de toiles peintes ou de cuirs dorés, on sait chez Mériguet-Carrère patiner, user et fatiguer les motifs pour les fondre dans le décor originel. Qui peut se douter qu’une tige de plante, la prêle, est utilisée pour poncer les apprêts (la préparation) des dorures ? Et que, d’un avis général, un des personnages essentiels de l’entreprise est le magasinier, qui approvisionne les chantiers où qu’ils soient dans le monde ? On croise souvent Paul Mériguet dans les ateliers qu’il a fondés… Avec son œil de maître, il y retrouve des valeurs, un état d’esprit, une qualité, mais aussi – et surtout – l’essentiel derrière le jeu de l’illusion : le travail et la main de l’homme.