Propriétés Le Figaro

Édito

L’apprentissage de la connaissance aux autres ne fait de nous que le maillon d’une chaîne…, Jacques Garcia

L’apprentissage de la connaissance aux autres ne fait de nous que le maillon d’une chaîne…

Parler propriété pour moi, c’est déjà commencer avec mon enfance. Né hobereau d’un Bourbonnais retiré, adoré d’un grand-père chasseur, vendangeur, attaché à sa terre, j’ai senti très tôt le sens de la propriété couler dans mes veines.

Ma première propriété fut ma cabane, que je me devais de construire avec automatisme, vacances après vacances avec des rebuts sortis du grenier, qui me semblaient des trésors confiés par ma grand-mère. C’est toujours la même chose qui m’habite. Les rebuts changent de prix, les trésors s’affirment, et ma grand-mère est toujours au fond de mon cœur. J’ai commencé plus sérieusement à prendre conscience que je ne pourrais vivre sans cela avec le Château de Menou qui fut pour moi une maquette de tout ce que je pouvais aimer : la lumière, le végétal, le sentiment de la brume, l’espace avec ou sans soleil, une architecture forte.

Cette première maquette, je l’ai cédée la mort dans l’âme. Je me suis donc mis à la recherche de mon essentiel. C’est la Belle au Bois Dormant qu’était Champ de Bataille qui s’est imposé. De ce chef-d’œuvre d’architecture incontesté par tous avant que je ne l’acquière, et dont l’intérieur avait été dévasté, ne restait que l’âme. Si les proportions de son espace m’évoquaient la grandeur, son aspect n’évoquait que l’abandon.

Je fais mienne cette phrase de Daniel Boulanger : “S’élever, c’est se soulever du peu. Je crois au sonnet, à la cantate, en la Sixtine”.

Cette maxime m’a toujours guidé, l’idée de me dépasser, c’est cela qui m’habite car la tâche est difficile, et finalement cruelle. Cette cruauté devint une véritable jouissance pour une seule raison : on a le sentiment d’être un maillon d’une chaîne qui grâce à nous ne s’arrêtera pas. »