Propriétés Le Figaro

Dossier

Bretagne, le royaume de la pierre, Spécial Résidences secondaires

Bretagne, le royaume de la pierre

Côte du Morbihan, un littoral très prisé - Copyright : Adobe Stock, Delphimages

Attractivité régionale, authenticité, stations balnéaires de qualité... la Bretagne offre une diversité immobilière pour tous les goûts et les budgets. 

À l’occasion de la présentation de leur baromètre immobilier en juin dernier, les notaires bretons enregistrent un fort retour des acquéreurs. Au-delà de la reprise des signatures et des projets amorçés en début d’année, l’appétence pour la pierre ne se dément pas. « Le confinement a amené les Français à s’approprier leur logement pour y envisager de nouveaux usages : télétravail, garde des enfants... Les “petits” défauts sautent alors aux yeux : absence de jardin, de bureau ou de terrasse, manque de luminosité, présence d’un environne- ment bruyant... Nombreux sont ceux qui s’engagent aujourd’hui dans une recherche active avec de nouveaux critères », souligne Damien Ruaud, président de la Chambre régionale des notaires de la cour d’appel de Rennes. Un sondage réalisé en juin auprès de 576 offices notariaux en Bretagne et du site notaireetbreton.bzh montre, par exemple, une hausse de 45 % des consultations en vue d’un achat par rapport à la même période l’an dernier. Un quart des demandes concerne l’achat d’une résidence secondaire afin d’y passer les week-ends, les vacances ou quelques jours par semaine, si le télétravail est possible. 

Des maisons à partir de 135 000 euros

À titre indicatif, selon les données notariales, les prix moyens des maisons anciennes s’établissent ainsi : 135 000 € dans les Côtes-d’Armor (+ 3,8 % sur un an) ; 150 000 € dans le Finistère (+3,4%) ; 180000 € dans le Morbihan (+5,9%); 188000 € en Ille-et-Vilaine (+ 3,4 %) et 230 000 € en Loire-Atlantique (+ 5,5 %). Toutes ces moyennes cachent bien sûr de fortes disparités selon l’état du bien et le secteur géographique. Pour Maître Rozenn Le Beller, membre du bureau du Conseil supérieur du notariat et notaire à Lanester (56), le choix est vaste quel que soit le budget. « Le littoral est long et offre une grande variété de biens. Dans le nord du Finistère il est toujours possible de trouver une petite maison à rafraîchir à proximité de la mer (sans la vue) à moins de 150 000 €. En revanche, il faut compter plus de 500000€ pour une villa bien située dans le golfe du Morbihan. » 

442 000 euros à La Baule

À titre d’exemple, « le prix médian pour s’offrir une résidence secondaire et devenir propriétaire d’une maison ancienne est de 186 000 € à Perros-Guirec, 230 000 € à Roscoff, 235 000 € à Pléneuf-Val-André, 270 000 € à Pornic, 273 000 € à Bénodet, 315 000 € à Dinard, 385 000 € à Larmor-Plage, 400 000 € à Carnac, et enfin, 442 000 € à La Baule », indique Maître Le Beller. Côté appartements anciens, les écarts se creusent dans les stations entre La Baule-Escoublac (44) à 4700 €/m2 en moyenne et Bénodet (29) à 2 740 €/m2, ou encore entre Dinard (35) 3980€/m2 et Perros-Guirec (22) 2810 €/m2. Pour l’instant, le marché ne marque pas de baisse de prix et l’offre demeure faible. Cependant, au fil des mois, les conditions économiques seront bien sûr déterminantes quant à la concrétisation ou non de nombreux projets immobiliers. C’est ce qui pourrait peser, à terme, sur les valeurs. 

Des parisiens sous le charme

L’attirance des Parisiens pour la Bretagne ne date pas d’hier, mais l’expérience inédite du confinement a renforcé la tendance. Ronan Pradeau, directeur de Bretagne Sud – Sotheby’s International Realty en témoigne: « Le marché se porte bien en Bretagne. Depuis 2019, nous étions sur une très belle lancée et nous avons la chance qu’il y ait eu assez peu d’annulations pendant le confinement, plutôt des reports de ventes. Parmi nos clients, 80% sont Français et beaucoup d’entre eux sont Parisiens. Ces clients ne souhaitent pas revivre un confinement dans la capitale, dans un petit appartement. Ils sont en quête de biens avec du confort et un jardin pour s’échapper au cas où... » Même constat de Laurent Gaveston, directeur de Espaces Atypiques Brest : « Dans le Finistère, nous avons dans la majorité des cas des Parisiens qui souhaitent se mettre au vert pour du secondaire. Même si cette demande était déjà très forte avant le confinement, elle se renforce nettement. Les Parisiens consacrent un budget oscillant entre 350 000 et 500 000 € pour leur bien immobilier, avec une surface minimale de 150 m2, un jardin et à proximité de la mer. » 

La possibilité d’une île… privée

De l’intention à la concrétisation, le passage à l’acte est bel et bien enclenché. « Les petits biens en bord de mer, entre 150 000 et 300 000 €, se sont véritablement arrachés ces derniers mois », témoigne Ronan Pradeau. « Nous avons une demande croissante pour les biens à la campagne : moulins, corps de ferme, petit manoir ou château, avec terrain (4 à 5 ha) et au calme. Pourvu que le budget soit respecté, tous les secteurs sont prisés, même le centre de la Bretagne qui était un peu boudé auparavant (villes à 40 km de la mer comme Rostrenen, Gourin...). Nous avons aussi beaucoup de demandes pour les îles privées... quelques rêveurs... Sachez qu’une île privée dans l’archipel de Bréhat avec une maison de 2110 m peut s’acquérir à 1,68 M€. Une autre île privée à La Trinité-sur-Mer avec une maison de 180m2 exposée plein sud est à 2,49 M€. Pour une jolie maison moderne de 400 m2 proche de la mer à La Baule, il faut compter 1,8 M€. » 

Les atouts bretons

Si l’optimisme sur la reprise de l’activité est de mise, il y a des points de vigilance. « Pour l’instant, les Bretons demeurent confiants et ne renoncent pas à leur projet immobilier, s’ils en avaient un avant le confinement. Toutefois, depuis la fin du confinement, nous avons remarqué que les acquéreurs avaient tendance à se décider rapidement, notamment par crainte d’un durcissement des conditions d’octroi des crédits (hausse des taux d’intérêt, demande d’apport personnel plus important...). Nous avons également fait le constat que deux marchés démarraient plus lentement : celui des primo-accédants et celui de l’investissement locatif. Mais nous devrons attendre l’automne pour voir si ce ressenti est une réalité », souligne Maître Rozenn Le Beller. Pour sa part, Ronan Pradeau est résolument confiant sur l’attractivité d’une région aussi prisée : « Les atouts de la Bretagne ne changeront pas demain : un environnement qui mêle la campagne et la mer (même à 30 km, on reste proche de la mer), pas de sentiment d’insécurité, une grande qualité de vie et un climat tempéré. » En guise de conseil et au-delà des préférences régionales, Maître Le Beller rappelle le principe fondamental : « La règle d’or demeure toujours la même lorsqu’on souhaite acquérir un bien pour se loger ou pour louer : l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement ! »