Propriétés Le Figaro

Portrait

Vladimir Kagan, Designer en vogue

Vladimir Kagan
Enthousiasme et créativité : deux qualités qui offrent à Vladimir Kagan l’opportunité d’occuper le devant de la scène, qu’elle soit contemporaine ou vintage.

Qu’il s’agisse de ses canapés en forme de haricot, de ses chaises et tables en bois inspirées d’un boomerang, ou de ses meubles aux lignes asymétriques, Vladimir Kagan est devenu incontournable. Des musées aux salles des ventes, la cote de ses pièces des années cinquante à soixante-dix ne cesse de grimper. “Elles sont rares, constate une spécialiste, mais leur style se marie parfaitement avec le design actuel.” Un article du New York Times précise que “ses meubles sont devenus des icônes de la modernité, des références incontournables”, alors que le magazine House and Garden, n’hésite pas à écrire qu’il est “une légende vivante”. Des personnalités comme Gary Cooper, Frank Sinatra ou Andy Warhol hier, mais aussi David Lynch, Angelina Jolie, Brad Pitt ou Uma Thurman aujourd’hui, ont été séduits par les lignes fluides, organiques et minimalistes de ce créateur très prolifique qui revendique depuis toujours de travailler pour la jet-set. “J’ai redécouvert son travail, ses lignes en courbes, ses canapés, dans la boutique Gucci à Milan. Il est une référence comme Jean Royère l’a été. Un modèle californien des années soixante, confie l’architecte et décorateur Charles Zana qui ajoute, c’est aussi un personnage truculent, à la Groucho Marx.” En 2013, la rondeur, l’asymétrie, le confort, l’apparente déstructure… sont plus que jamais au rendez-vous avec une collection de rééditions éditée par le groupe italien Luxury Living et mise sur le marché depuis le mois de septembre. “Je reviens, mais ne suis jamais vraiment parti.”, constate avec humour le designer qui livre régulièrement pensées, dessins, photos et commentaires décapants sur son blog. Car l’homme, —né en 1927 en Allemagne et qui émigrera onze ans plus tard aux États-Unis— vit en phase et bien dans son époque. “Mes clients ont toujours été jeunes. Cela me conserve.” s’amuse-t-il.

Fondateur d’une fabrique de meubles à New York Si Vladimir Kaglan étudie l’architecture et le design à l’université de Columbia c’est auprès de son père ébéniste qu’il se forme. “Un artisan extraordinaire. C’est parce que je n’étais pas aussi bon que lui que je suis devenu designer”, avoue celui qui ne s’est jamais soucié de respecter les codes et qui a fait des lignes asymétriques, une signature. La chaise qu’il dessine alors qu’il n’a que 20ans sera produite pendant cinquante ans. En 1949, il dessine le canapé Serpentine qui le fait connaître et que l’on trouve encore dans les collections du Vitra Design Museum. Très vite, il fonde sa fabrique de meubles à New York —elle a fermé ses portes en 1987— et de grandes entreprises comme General Electric, Walt Disney ou Fairchild Aviation font appel à lui. Tom Ford et l’architecte William Sofield le replacent sur le devant de l’actualité dans les années quatre-vingt-dix, en retenant la gamme Omnibus pour les boutiques Gucci dans le monde. Depuis la fin de cette décennie, Luxury Living —qui regroupe Fendi Casa et Kenzo Maison— détient l’une des licences de mobilier du designer. Dès 1999, le groupe a diffusé en exclusivité trois rééditions de Kagan : les deux fameux canapés, le Serpentine et le Crescent, mais aussi le modèle Barrel, une chaise qui figure dans la collection permanente du Brooklyn Museum. Dernières rééditions en date, la table Fred, la lampe Shirley, les chandeliers Grace et Ava, les tables Sculpture et Marilyn. Si la Vladimir Kagan Classic Collection est composée de pièces réalisées selon les croquis de l’époque, et fabriquées à la main par des artisans américains utilisant les techniques traditionnelles, la New York Collection, fabriquée en Italie par le groupe Luxury Living, propose, elle, une sélection de modèles des années soixante mais également des créations plus récentes. Vladimir Kagan qui a également ouvert deux showrooms à New York avec Ralph Pucci, affiche une grande complicité avec la très internationale India Mahdavi et annonce une prochaine exposition à la Galerie Downtown à Paris. Pour l’heure, il est rentré dans ses meubles pour développer toutes les idées qu’il a glanées pendant son séjour en Europe. Affaire à suivre.

Vladimir Kagan, Luxury Living, 16, avenue George-V, Paris (08). Tél. : 01 49 52 00 02.