Propriétés Le Figaro

Édito

Rêvons un peu

Rêvons un peu

Paul Henri du Limbert

Quoi de plus réjouissant en ces temps de crise que de goûter à la beauté des choses ?

Un château multiséculaire et ses jardins à la française, une vieille gentilhommière qui attend une restauration attentive, une imposante bastide au bout d’une allée de cyprès, un vieux chalet savoyard dont les cheminées fument sous la neige. Dans une époque où tout change hélas si vite, les maisons ont un atout précieux : elles ne changent pas. Elles sont le point fixe de nos existences, qu’elles abritent nos lointains souvenirs ou qu’elles soient, si l’on souhaite en acquérir une, le théâtre des jours à venir. Acheter une belle demeure en 2015 ? Il y faut peut-être un peu de folie lorsqu’on
observe la situation économique et que l’on fait le compte de ce que l’on doit au percepteur… Mais, tout bien réfléchi, il s’agit d’une folie raisonnable. Qui sait, dans ce monde inquiétant qui naît sous nos yeux, où le temps s’accélère, les belles maisons seront peut-être bientôt le dernier symbole de la permanence des choses… La mondialisation fait de nous des nomades, qui sont ici, là, et ailleurs. Elle nous réclame toujours de nous adapter dans un infernal mouvement de centrifugeuse. Pas d’unité, pas d’immobilité, pas de quiétude.

Il faut redevenir un peu sédentaire. Ce nouveau numéro de Propriétés Le Figaro vous fera rêver, puisque telle est sa vocation première. On feuillette les pages et on s’imagine dans le salon d’un château de Normandie, devant un mas cévenol ou sur la terrasse d’un bel appartement parisien. Si on le peut, on choisira d’aller visiter un bien et, qui sait, la mystérieuse alchimie opérera. L’histoire d’amour commencera. On se dévouera corps et âme à ces murs, à ces toits, à ces jardins, au point de ne plus envisager la vie sans eux