Propriétés Le Figaro

Portrait

Pascal Allaman, Archi doué

Pascal Allaman

Le charme de la discrétion : Pascal Allaman, dans son atelier au coeur du Marais.

C’est l’un des aménageurs d’espace dont on va parler en 2011. Boutiques, hôtels, appartements privés… Pascal Allaman dévoile ses talents d’architecte décorateur à travers le monde.

“Les choses doivent rester simples, il faut qu’il y ait une certaine évidence”, explique posément Pascal Allaman lorsqu’on lui demande comment il aborde un projet. Diplômé de l’ESAM (Ecole supérieure d’art moderne) à Paris, cet architecte-décorateur se forme au métier dans différents cabinets dont ceux de Michel Boyer, Jean-Jacques Ory et Didier Gomez. Il y fait ses gammes en concevant ambassades, hôtels, espaces collectifs ou logements particuliers, dans la capitale ou à l’étranger. Il monte alors sa propre agence en 2000 et remporte un premier concours, le réaménagement d’un espace professionnel près des Champs-Elysées. Très vite, Pascal Allaman s’attelle à la nouvelle image des boutiques de la marque Blancpain, rachetée par le groupe Swatch et développe dans la foulée une collaboration suivie avec le groupe. Dernier réalisation en date : celle des boutiques multimarques Hour Passion, essentiellement implantées en Asie, dont il maîtrise l’agencement de A à Z, entouré d’une équipe de collaborateurs soudée. Ce qui importe avant tout à Pascal Allaman, c’est que son client se sente à l’aise dans l’environnement qu’il lui propose. Il accorde donc une large place à la réflexion. En particulier sur les volumes et les proportions, ses marottes, mais aussi sur la lumière, qu’il aime naturelle le jour, et travaillée le soir. “Rien n’est plus beau que la lumière, quand on ne sait pas d’où elle vient”, s’émeut l’intéressé. S’il aime la démarche architecturale, il n’oublie jamais qu’il travaille sur des lieux de vie, quitte à insuffler un peu plus de théâtralité dans les lieux partagés. Ce qu’il ne s’est pas privé de faire dans les hôtels du groupe GLA, dont la présidente Grace Leo-Andrieu lui a confié la décoration. Une rencontre déterminante, qui débouche sur un partenariat fructueux : à peine Pascal Allaman a-t-il livré l’hôtel Beauchamps à Paris, qu’il s’attaque déjà à la rénovation du Cotton House, un 5-étoiles sur l’île Moustique. Il intervient encore sur le Royal Riviera à Saint-Jean-Cap-Ferrat, des restaurants à Sao Paulo et Mexico City, et une résidence à Madrid. “Le dépaysement est stimulant”, confie ce grand voyageur, qui sait aussi se mettre au service des particuliers. L’architecte réalise deux appartements place des Vosges, un duplex sur le jardin du Luxembourg et un autre, avenue de Wagram. Avenue de Mes - sine, il restructure un espace en bureaux aux lignes sobres, mises en valeur par la noblesse des matériaux : bronze pour les portes, pierre et lin au sol, patines et daim aux murs. “En ce qui me concerne, ce sont les formes et les proportions qui amènent les matières, pas l’inverse”, avoue-t-il. Malgré tout son talent, Pascal Allaman préfère jouer la discrétion. Il adore imaginer mobilier et luminaires, fidèle à la tradition des grands décorateurs du début du XXe siècle. Parmi ses influences, il cite Jean-Michel Franck, Jean Royère, Paul Evans ou Mies Van der Rohe. Et ce qui le révolte par-dessus tout dans son métier, c’est “l’uniformité terrifiante. A force de vouloir être contemporain, on ne connaît plus que la ligne droite”.

© P.-E. RASTOIN