Propriétés Le Figaro

Portrait

Rinck, artisans du meuble, Ébénistes de l’excellence

À l’affiche du salon Maison & objet en septembre à Paris, Meubles Rinck joue la carte du luxe et s’associe aux plus grands noms du design, comme Philippe Starck.

Prototype ici, restauration là, ciselure du bronze, marqueterie, dorure, reproduction et création, conception et agencement à l’étage… En voyant l’atelier Meubles Rinck tourner à plein régime, difficile d’imaginer qu’il y a cinq ans à peine, l’entreprise a failli mettre la clef sous la porte. Grâce à Thierry Goux, qui l’a racheté en 2003 contre vents et marées, ce fleuron de l’ébénisterie d’art a non seulement retrouvé des couleurs, mais également fait peau neuve pour mieux accompagner les talents contemporains. Meubles Rinck est actuellement, avec ATG, l’Atelier Thierry Goux, (entreprise ayant obtenu, comme Rinck, le label Entreprise du patrimoine Vivant), l’une des composantes majeures du Groupe Rinck, présidé par Thierry Goux et qui compte une cinquantaine de collaborateurs. À côté du savoir-faire exclusif et traditionnel qui a fait sa renommée, le groupe, installé entre Paris et Bourg-de-Péage, propose désormais des services complets via Rinck Contract Inc, de l’agencement à la gestion de chantier, en passant par le bureau d’études que pilote Bruno Sachet, ébéniste et dessinateur de formation, gérant depuis 2006 de Meubles Rinck. Sous l’impulsion de Goux et Sachet, le groupe s’est réorganisé, en gardant les activités de surmesure dans l’atelier historique parisien, à deux pas du Faubourg Saint-Antoine, et en agrandissant ses ateliers de province.

Musées, yachts et résidences privées

La maison estampille de nombreux projets d’envergure, qu’il s’agisse d’hôtels ou de restaurants (Grand Hyatt à Tokyo, Le Buddakan à New York, Le Carré des Ternes à Paris, Pic à Valence), de boutiques (Taschen à Paris, Baccarat à Moscou ), de yachts (Wedge II yacht pour Philippe Starck, SF 99 pour Andrew Winch) et autres résidences privées. L’éventail de compétences mis à la disposition des commandes de particuliers est bien entendu le même. De Bangkok à Moscou, de Bâle à Honk Kong, de San Francisco à Oman, l’atelier collabore avec les plus grands décorateurs et designers contemporains internationaux comme Gilles & Boissier, Patrick Jouin, Kristian Gavoille, Jean Grisoni ou encore Alberto Pinto, David Collins Studio et Thierry Despont, pour ne citer qu’eux. Comme le prouvent la coiffeuse Art Déco (modèle Confident, une prouesse de marqueterie), le Rocking Louis Chair, dessiné par Philippe Starck, le bureau directorial signé Patrick Jouin, le chandelier Pagode ou le lustre de David Collins, tous les styles sont ici traités avec la même exigence. Rien ne semble impossible à ces spécialistes, capables de produire un bar en macassar dans un pur style Leleu. “Notre limite, c’est le budget du client”, explique Bruno Sachet, qui veut redonner à Rinck une image d’ensemblier et a pour autre ambition d’ouvrir et de faire revivre les archives de la maison. Les dessins originaux de meubles des XVIIIe et XXe siècles, ornements en bronze et quelque cinq cents photos des meubles produits depuis les années 60, en sont quelques-uns des trésors. Sans oublier la maîtrise des différentes matières (galuchat, parchemin) et techniques (métallisation, stéréotypie) d’hier ou de demain.

Au service du mobilier d’art depuis 1841

Personnage-clé de l’entreprise familiale, fondée par Jacques Rinck en Alsace en 1841, Maurice Rinck associe son nom à l’Art Déco et son atelier devient un passage obligé. En 1937, il obtient la médaille d’or de l’innovation lors de l’Exposition internationale de Paris et le Grand Prix à Bruxelles en 1957. Dans ses années flamboyantes, la maison édite et fabrique pour Ruhlman, Leleu, etc. Un mobilier que se disputent aujourd’hui les collectionneurs, comme l’a prouvé la vente organisée chez Sotheby’s en mai 2006. Une commode produite par Maurice Rinck dans les années 30 a été évaluée à cette occasion entre 100 000 et 150 000 euros. La qualité exceptionnelle des pièces réalisées dans l’atelier reste une marque de fabrique incontestable. L’architecte Patrick Gilles, qui y voit “un standard de qualité très élevé”, ou le décorateur Bruno Borrione, n’hésitent pas à en témoigner. Et cette année, Meubles Rinck assure la relève en formant les futurs ébénistes et ouvriers spécialisés.

« Notre limite, c’est le budget du client. »