Propriétés Le Figaro

Édito

Le propre de l'homme

Le propre de l'homme

Étienne de Montety

Propriété [pro-pri-é-té] n. f. : Du domaine de chacun.

Le mot vient du latin proprietas, qui désigne ce qui a un caractère spécifique.

Voltaire, qui s’y connaissait, dit que « l’esprit de propriété double la force de l’homme ». La propriété est en effet un droit inaliénable. Nul n’a le droit d’être privé de propriété, à plus forte raison si elle l’est aussi, privée. Qu’il s’agisse d’un château en Espagne – à Barcelone – ou d’un chalet dans les Alpes – à Barcelonnette. Il y a plusieurs façons d’être propriétaire, et il convient d’être précis. La nue-propriété ne signifie pas qu’on soit dépouillé. Une propriété dans l’indivision pose des questions chiffrées : si les propriétaires s’additionnent, les problèmes sont-ils multipliés ?

Le propriétaire a donc une propriété qu’il entretient. Comme un sou neuf, et quelle que soit sa valeur marchande. De toute façon, elle lui est chère.

Il en a d’autres. Parmi les propriétés généralement attribuées au beatus possidens (l’heureux propriétaire), il y a l’amour des pierres, le goût de leur redonner vie, et à proprement parler, la fierté de sa propriété.

Quel lien étymologique entre propriété et propreté ? La propriété est incontestablement un bien propre. Imagine-t-on quelqu’un – peu importebson nom, propre ou pas – négliger son chez-soi : façade dégradée, carreauxbopaques, parquets poussiéreux ?

On considérerait ce comportement comme inapproprié. Car la propriété est pour ainsi dire le propre de l’homme.

Mais avec ce mot comme en toutes choses, il faut se méfier des apparences. Sinon que penser de cette pancarte accrochée sur la magnifique propriété de nos voisins anglais, et qui annonce : « On sale » ?