Propriétés Le Figaro

Reportage

La vie au septième ciel

La vie au septième ciel

Une superbe terrasse de 100 m² fait face à la double réception de 250 m² dans ce penthouse haut de gamme, ancré sur la Croisette (agence John Taylor)

Le “penthouse”, ou “maison sur le toit”, niche aux sommets des villes. Cet oiseau rare et ultraprisé n’est pas pour autant en voie de disparition. Enquête sur un marché en plein renouveau

Un appartement de star, le penthouse ? À n’en pas douter, vu son prix. Pour 11 millions de dollars, Thierry Henry, l’attaquant français des Red Bulls new-yorkais, s’est offert à Soho le “petit” plaisir d’un penthouse de 500 m2, agrémenté de 400 m2 de terrasses. Heureux Justin Timberlake également, propriétaire à Manhattan de ce luxe en plein ciel qui, diton, lui aurait couté la bagatelle de 5,5 millions de dollars. Dans l’Hexagone, le dernier étage-terrasse a aussi ses aficionados, des “VIP” aux simples mortels aisés. Ce nid d’aigle demeure cependant rare, car les toitures plates, sol favori du penthouse, n’abondent pas. C’est donc un bien d’exception, dans un marché de niche.

SOUS LE CIEL DE PARIS. Le penthouse ne fleurit guère à Paris que depuis les années 30. On trouve de très beaux derniers plateaux, par exemple dans les immeubles Art Déco de l’architecte Jean Walter, à La Muette. L’âge d’or de la maison sur le toit demeure néanmoins les années 60 et 70, au cours desquelles naquirent des immeubles aux halls d’entrée travaillés par des artistes, aux appartements fournis en meubles de designers et aux jardins somptueux. “À l’époque, les architectes gagnaient encore leur vie, et se réservaient l’usage de ce dernier étage avec terrasse. Le penthouse fut donc d’abord un appartement d’architecte”, rappelle Cedric Resche, d’Ateliers, Lofts et Associés. À Paris, dans les arrondissements de l’ouest et du centre, le penthouse peut coter de 10 à 20 millions d’euros. “C’est un marché d’exception, pour une clientèle d’exception”, renchérit Marie-Hélène Lundgreen, de Belles Demeures de France. On s’offre un penthouse pour recevoir ou, au contraire, ne pas être vu. Les Américains, les Italiens ou les Espagnols préfèrent les biens de charme. La clientèle du Moyen- Orient, venue de pays ensoleillés, n’est pas à la recherche d’une terrasse hors pair. Mais les Sud-Américains et les Russes, en revanche, sont très présents sur ce marché.

DE 1 à 2 MILLIONS D’EUROS. En périphérie parisienne, la maison sur le toit s’octroie une percée. Boulogne- Billancourt, Meudon, Rueil-Malmaison voient régulièrement pousser des immeubles pourvus de grandes surfaces extérieures à leur sommet. Approximativement, un dernier étage très récent se négocie 1,5 million d’euros. Plus loin de la capitale, Lyon est, par tradition, peu généreuse en appartements-terrasses. “On commence à en voir dans le VIe arrondissement et dans des petites communes résidentielles de l’ouest”, rectifie Philippe Mazet, du groupe Mercure. L’agent immobilier vient justement de prendre un mandat dans un immeuble des années 70, à Caluire, à la frontière de Lyon. Malgré les 400 m2 de terrasse et la vue sur les Monts d’Or, le prix ne s’envole guère : 1,5 million d’euros. Tarif “mo - dique” aussi – 900 000 euros – pour ce dernier étage dans la remarquable cité Hélios de Trébeurden, aux abords de Perros-Guirec. Le maître d’oeuvre, Roger Le Flanchec, s’est inspiré de la cité radieuse de Le Corbusier. Pointe d’audace, la toiture ondule à l’image des vagues, et la cheminée s’arrondit, comme celle d’un paquebot. Un véritable bijou “années 60” de collection.

LA CÔTE A LA COTE Le penthouse est vraiment dans son élément sous le soleil et face à la mer. La position dominante de Monaco lui con - vient fort bien. Les 2 km2 de la principauté sont sans doute le lieu au monde où la densité de maisons sur le toit est la plus élevée. Cannes, Nice et Villefranche se posent en rivales, mais dans une moindre mesure. Quant à Mougins et à l’arrière-pays, ils n’excellent pas du tout en la matière. D’après Antoine Garcin, de l’agence Emile Garcin, le ticket d’entrée démarre, sur le littoral des Alpes- Maritimes, dans les 7 000 à 8 000 €/m2 avec un pic sur la Croisette de 35 000 à 40 000 €/m2. L’appartement prend d’autant plus de valeur que sa terrasse comporte un accès facile : le plain-pied cote ainsi davantage que l’accès à la terrasse du toit par un escalier. C’est une maison, sans les servitudes inhérentes à ce type de bien. Vite fermée, sans jardinier, elle séduit une “clientèle d’affaires qui voyage beaucoup”, observe l’agent immobilier.

AVEC PISCINE ? “Mieux vaut envisager une piscine au dernier étage avant la construction de l’immeuble, plutôt qu’après”, recommande Marc Pietri, le président du groupe de promotion Constructa, en rappelant que “tout est possible, si l’on y met le prix”. D’où l’intérêt de l’achat sur plan. Le maître d’ouvrage concocte un waterfront de tours “objets d’art” sur Euroméditerranée, à Marseille. Un penthouse de luxe, que l’on s’arrache, couronne l’un des immeubles. Le groupe réédite ici son concept de Miami, ville où il édifia sur Ocean Drive un “upper” penthouse de 700 m2 avec autant de terrasse, un jacuzzi, un bar et une cuisine d’été sur le toit… le septième ciel !