Propriétés Le Figaro

Portrait

HERVÉ VAN DER STRAETEN, créateur d’objets, Le joaillier des formes

HERVÉ VAN DER STRAETEN, créateur d’objets
Toujours en recherche de mouvement et de nouvelles matières, Hervé Van der Straeten inaugure sa nouvelle exposition à Paris.

“Tumulte”, “confusion”, “vibration”, “psychose”…

À la veille d’inaugurer son exposition de mobilier et de luminaires, Distorsion, c’est avec les mots que joue le créateur, autant artiste qu’artisan. Au gré de l’inspiration, celui qui aime brouiller les pistes donne des noms aux pièces d’exception qu’il présente jusqu’au 30 avril dans son atelier-galerie du Marais parisien, ouvert en 1998. Mis en scène dans l’urgence par le maître des lieux, ces objets – 25 en série limitée et deux oeuvres uniques – sont accompagnés par des photographies de Valérie Belin.

Des luminaires pour l’Élysée

Dans son vaste espace lumineux, Hervé Van der Straeten navigue entre baroque et contemporain, rondeurs et linéaire, élégance et éclectisme flamboyant.

L’ancien étudiant des Beaux arts, se bat au quotidien pour préserver un savoir-faire de “haute facture”. Depuis ses débuts, il a ainsi choisi de s’entourer des meilleurs artisans, et une dizaine de personnes travaillent désormais à ses côtés pour réaliser les pièces (uniques ou en série limitée) qui séduisent collectionneurs et décorateurs. Le label Entreprise du patrimoine vivant, reçu en 2007, a récompensé ce combat pour les ateliers de bronze et d’ébénisterie, qu’il a fait renaître aux portes de Paris.

Le Mobilier national, qui a déjà acquis cinq des créations du lauréatdu Grand prix des métiers d’art de la Ville de Paris en 1995, lui a demandé un complément de commande de luminaires pour le palais de l'Élysée. Les particuliers peuvent eux s’offrir la ligne Excess – lustres, appliques, service de verres – réalisée pour les Cristalleries de Saint-Louis-lès-Bitche, en Moselle. Curieux de tout, Hervé Van der Straeten se tourne sans cesse vers de nouveaux domaines. Après le tube de rouge à lèvres KissKiss – “Un objet intemporel, dont chaque facette a été façonnée et polie minutieusement à la main, de manière irrégulière. Ces irrégularités lui donnent une vie, un mouvement indéfinissable.” –, il planche sur de nouvelles déclinaisons de la ligne de maquillage de la maison Guerlain. Il peaufine aussi des pièces exclusives pour les boutiques Roger Vivier à Moscou, Harrods à Londres, Saks à New York et Holt Renfrew à Toronto… Demain, son mobilier sera exposé chez Ralph Pucci à Los Angeles ou encore à Dubaï. Et au milieu de tout ça, celui que certains surnomment le “joaillier du design” n’en n’oublie pas pour autant ses premiers amours. Sa dernière collection de bijoux en est la plus belle preuve. “Chaque exposition évolue vers de nouvelles formes, explique-til. Mes créations sont issues de grandes gesticulations.” Aujourd’hui, ce sont “les mots qui s’imbriquent les uns dans les autres et renouvellent la façon de dire les choses”, qui donnent le ton.

Explorer de nouvelles matières

Même si le fil rouge de son parcours de créateur reste le mouvement, “le déséquilibre qui crée un espace de tension”. Sans oublier la fébrilité, l’énergie et le dynamisme.

Hervé Van der Straeten aime la rigueur des espaces épurés, la belle architecture qui plante simplement le cadre. Comme une page blanche sur laquelle glissent ensuite “les meubles, comme des éléments de ponctuation”. Un lustre, un miroir ou une console – tous très graphiques – déterminent pour lui l’esthétique d’une pièce. Et s’il préfère les lieux dégagés, c’est pour mieux jouer avec les contrastes, mélanger les époques, les inspirations et proportions multiples. “Mes objets dialoguent très bien avec les objets du passé”, explique-t-il.

Déjà spécialiste reconnu du bronze, du bois, du cuir, du parchemin, de la feuille d’or ou de la laque, qu’il travaille depuis toujours, Hervé Van der Straeten éprouve pourtant régulièrement le besoin d’explorer de nouvelles matières. Le créateur parisien s’amuse ainsi avec le marbre, le cristal, l’inox et le verre, et maîtrise aussi désormais la légèreté de la fibre de carbone (qu’il n’avait jamais travaillé jusqu’alors) et le Dacryl, un verre transparent comme le cristal qui lui apporte sa malléabilité et la puissance de ses couleurs.

Et ce n’est pas fini. Avec son carnet de croquis à portée de main, Hervé Van der Straeten semble plus déterminé que jamais à repousser les limites de ses recherches. Pour la forme. Au détail près.