Propriétés Le Figaro

Interview

L'exceptionnel est trés porteur, Paola Féau, Féau Faubourg Saint-Honoré. Paris

Paola Féau dirige une belle agence du Faubourg Saint-Honoré, à Paris. Une agence Féau, bien sûr. Après dix années passées dans la finance à Genève, et avec une culture professionnelle très cosmopolite, elle a des choses à dire.

Féau Saint-Honoré existe depuis longtemps ?

Je dirige cette nouvelle agence depuis sa création, il y a un an et demi environ. Avant cela, j’ai travaillé avec Antoine Féau à Féau Haussmann. Je viens d’un tout autre secteur, la finance, dans lequel j’ai officié pendant une dizaine d’années à Genève. Je parle quatre langues et je pense que mes expériences précédentes m’ont donné un certain nombre d’aptitudes nécessaires à l’exercice du métier d’agent immobilier.

Quelle facette du métier vous convient le plus ?

Il y a beaucoup de choses qui me plaisent mais le contact, la variété des rencontres font partie des facettes les plus satisfaisantes. Côté propriétaire, le challenge consiste à établir une relation de confiance et côté acheteur, il y a un aspect psychologique important afin de bien cerner sa demande. Il y a évidemment aussi d’autres challenges : la réactivité par exemple, il faut être plus rapide et meilleur que nos concurrents !

Celle que vous appréciez le moins…

La notion de services est moins ancrée en France que dans la culture anglo-saxonne, ce qui rend certaines négociations compliquées. Je veux dire par là que certains clients ne perçoivent pas toujours la valeur du travail qui est produit.

Qu’est-ce que vous regardez en premier chez un acheteur ?

J’ai appris à ne pas me fier aux apparences et à évaluer le degré de motivation de l’acheteur.

Et chez un vendeur ?

J’essaie de lui donner confiance en notre équipe et en nos évaluations. Le but est bien sûr qu’il nous suive. Cependant, les biens très atypiques, du fait de leur caractère exceptionnel, sont difficiles à évaluer de manière “rationnelle”. C’est un métier dans lequel il faut savoir rester humble car il peut arriver que l’on se trompe ! C’est très différent pour un appartement haussmannien classique. Sur ce marché, nous sommes en mesure d’évaluer très précisément un prix de vente au m2.

Les clients étrangers sont-ils majoritaires dans le VIIIe ?

40 % de nos transactions se font avec des acheteurs étrangers, particulièrement pour les pied-à-terre. Des Italiens, des Américains, des Espagnols, des Anglais… Ils recherchent des biens dans le secteur des ChampsÉlysées, de la Madeleine et dans les Ier et IIe arrondissements. Nous avons également une clientèle familiale qui se reporte naturellement vers le Parc Monceau, la Plaine Monceau, Saint-Augustin et le quartier de l’Europe.

Un appartement de rêve dans le VIIIe, c’est quoi ?

Les appartements récemment rénovés du Lord-Byron Plaza, avenue des Champs-Élysées (lire notre reportage page 46 du numéro de mars-avril (99) de Propriétés Le Figaro), correspondent parfaitement au goût du jour. Sinon, nous avons quelques appartements, avec de très grands volumes, design, qui ont beaucoup de succès. Les beaux appartements haussmanniens restés dans leur jus, ont parfois des attributs que la tendance actuelle qualifie de défaut, comme de trop grands couloirs par exemple. Ceux-là se vendent moins rapidement.

Les prix au m2 dans le VIIIe ?

Le VIIIe ne constitue pas un marché homogène, en tout cas par rapport à la Rive Gauche par exemple. Les prix “pour des biens rénovés ou en bon état” vont du simple au double, voire triple. La clientèle n’est évidemment pas la même Place de l’Europe et avenue Montaigne. D’un quartier à l’autre, on passe de 6 000 - 6 500 euros/m2 à 15 000 euros, voire davantage. Dans le Triangle d’or, on démarre à 9 000 - 10 000 euros le m2 pour aller jusqu’à 15 000 - 16 000 euros et plus parfois.

Et dans le XVIIe ?

Dans la plaine Monceau, les prix se situent autour de 7 500 - 8 000 euros le m2. Pour les appartements qui donnent directement sur le parc Monceau, il faut compter entre 11 000 et 13 000 euros/m2 pour des biens haut de gamme.

Ressentez-vous actuellement un ralentissement du marché ?

Le marché est très actif surtout en ce qui concerne les pied-à-terre de 100 m2 environ et les biens familiaux de 150 à 200 m2 avec un maximum de chambres. En effet, les prix ont augmenté plus vite que les budgets des familles. Il est plus difficile de vendre rapidement les très grands appartements qui ont peu de chambres. Féau Saint-Honoré a réalisé un excellent début d’année, avec un léger ralentissement au mois de mai, vite rattrapé en juin.

Et les prix ?

On observe un ralentissement de la hausse des prix pour les biens classiques. Par contre le marché des biens atypiques ou exceptionnels reste très porteur. Mais tout cela est logique après cinq années de hausse continue. Je ne pense pas que ce soit un phénomène de rupture.

L’engouement pour le VIIIe arrondissement reste fort…

En effet, même si ce n’est pas le quartier le plus branché au niveau du design architectural, ses immeubles de prestige attirent une clientèle aisée qui cherche de belles adresses. Beaucoup d’appartements sont maintenant redécorés dans un style plus contemporain, ce qui les rend d’autant plus attractifs.

Vous n’annoncez pas les prix en vitrine, pourquoi ?

Il s’agit plutôt d’une stratégie commerciale. Nous ne voulons pas faire peur à des gens qui pourraient être intéressés par nos produits. Féau ne vend pas que des grands appartements, nous vendons de la qualité et la qualité se retrouve aussi dans un 30 m2.

Comment voyez-vous le marché évoluer dans les prochains mois ?

Nous concernant, nous avons bien réussi notre implantation dans ce quartier et souhaitons nous développer sur d’autres secteurs à fort potentiel (les 1er et 2e arrondissements) Les perspectives 2006 s’annoncent bonnes en termes d’activité. Le marché va peut-être ralentir, du fait des élections, mais pour l’instant, je constate que la demande est toujours forte, l’immobilier de qualité reste très recherché. Je suis donc plutôt optimiste !

« Les appartements atypiques sont toujours plus délicats à évaluer »