Propriétés Le Figaro

Édito

De bon matin, l’odeur de la rosée sur la terre…, Christian Flacelière, journaliste au Figaro

De bon matin, l’odeur de la rosée sur la terre…

Ouvrir un matin ses volets sur ses vignes ! Voir le soleil déjà éclairer les feuilles qui fabriqueront le sucre que l’on trouvera dans les raisins. Aussi la pluie bienfaisante pour la plante. Sans elle, il n’y aurait pas de vie. Pour un citadin vibrant au rythme de son téléphone portable et des avions qui partent toujours trop tôt, la vigne est un bon moyen de renouer un contact perdu avec la nature. C’est une relation de confiance, comme quand les hommes se tapaient dans la main pour dire qu’ils étaient d’accord. Des histoires d’hommes ! Les pieds dans la terre, les yeux au ciel. Une relation refondatrice, nourrissante. “Quand je me promène dans mes vignes le matin, je sens ma tête s’alléger et mes forces revenir.

Je me lève tôt pour sentir cette odeur très particulière de la rosée sur la terre” me disait un jour le nouveau propriétaire d’un domaine récemment acquis. “C’est un moment d’éternité qu’aucune fortune ne peut acheter”. Il y a une relation forte entre l’homme et la vigne que peu de plantes offrent. A l’inverse du blé ou du riz, elle ne se replante pas tous les ans ! Elle vit dans le même espace-temps que nous. Bien soignée, elle peut devenir centenaire. Et puis, la vigne donne du vin. Tous les propriétaires se souviennent du premier dîner où ils ont servi pour la première fois leur propre vin avec leur nom sur l’étiquette. Ces souvenirs-là n’ont pas de prix. Aujourd’hui, il faut bien le dire, un domaine ne rapporte pas grand-chose en termes de rentabilité. Mais avoir sa maison sur sa terre, y faire son vin, réunir là sa famille et ses amis, léguer ensuite à ses enfants ces plaisirs, ces souvenirs, cette culture-là, en effet, ça n’a pas de prix. Je vous souhaite d’avoir la joie et l’honneur de rencontrer votre terre. Elle se trouve peut-être dans ces pages.