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Portrait

Alain-Dominique Gallizia, architecte DPLG, L'architecte fulgurant

Alain-Dominique Gallizia, architecte DPLG

Alain-Dominique Gallizia dans l'atelier où il accueille les maîtres internationaux du Graffiti Art

Il réunit une collection de Graffiti Art unique au monde, exposée actuellement à Paris, il réalise des maisons pour des personnalités... Alain-Dominique Gallizia est un personnage fascinant. Rencontre

C’est une collection unique qui est présentée au Grand Palais du 27 mars au 26 avril : celle d’Alain-Dominique Gallizia, dédiée au Graffiti Art. Cet architecte surdoué réunit des œuvres d’artistes issus de différentes générations, des vétérans des métros new-yorkais jusqu’à la vague européenne. Objectif avoué : “tendre une toile entre la rue et le musée” et célébrer le graffiti sous toutes ses formes, qui témoigne d’un véritable phénomène artistique. L’atelier d’Alain-Dominique Gallizia, situé à Boulogne-Billancourt, rassemble désormais des œuvres majeures du Graffiti Art. Cet as du coup de crayon ne pouvait rester indifférent à ceux portés sur les murs qu’il construit. Lui qui s’affirme “roi du permis impossible et du dessin en 3D”, est fier de tout dessiner encore à la main et à la mine plate. Il aime d’ailleurs couvrir les murs de ses chantiers de dessins et de plans en tous genres, au grand dam des peintres qui passent derrière lui et doivent les camoufler, alors que d’autres recherchent ce “coup de patte” si particulier, allant jusqu’à encadrer ses croquis. On pourrait définir Alain-Dominique Gallizia par un seul mot : “fulgurance”. Cet aristocrate d’origine italienne attaque les études par la médecine, et il se voyait bien obstétricien, avant de finalement bifurquer vers les Beaux-Arts et l’architecture, puis d’obtenir un titre d’urbaniste des Centres Anciens. Il se félicite d’avoir reçu une double formation ; sur les chantiers d’abord, lorsqu’il aidait aux travaux chez le leader mondial des constructeurs, puis celle plus glamour, “la version milliardaire”, du G.E.A. qui construisait alors les plus belles maisons du monde. Il adopte en toute liberté le principe du “qui peut le plus, peut le moins” pour accepter les projets du moment qui lui plaisent, capable de passer des bâtiments de surface du tunnel sous la Manche aux détails d’une salle de bains avec le même enthousiasme. Alain-Dominique Gallizia a même été catalogué architecte “people” le jour où l’on a su qu’il travaillait pour Gérard Depardieu. Celui qui a pourtant choisi d’exercer son métier discrètement est bien obligé d’admettre qu’il s’occupe “depuis presque quinze ans des maisons de la famille”, ou que l’un de ses chantiers en cours est l’hôtel particulier d’un animateur de télé.

Un esprit artisan

Pour préserver la qualité des relations avec la cinquantaine de clients privés dont il prend soin avec ses trois collaborateurs, il a toujours veillé à “ne pas devenir trop gros”, à garder l’esprit artisan qui lui tient à cœur. Il se veut avant tout un architecte humain, qui cherche à “rendre les gens heureux. Je suis plus amoureux des gens que de mon métier.” Ce qui explique peut-être qu’un seul bâtiment porte sa plaque – rue Daru, à Paris – et que l’une de ses spécialités aujourd’hui soit le conseil au maître d’ouvrage, le conseil en architecture – “un métier peu connu, qui existe à peine”. Ce travail d’optimisation de plans, voire de correction, passionne celui qui a fait de la réflexion sur “la fonction et le fonctionnalisme” l’une de ses priorités et bataille pour mettre en avant tous ces détails qui font qu’un appartement est agréable à vivre. Du robinet de douche accessible sur le côté, sans avoir à y entrer, aux sols chauffants dans les salles de bains. Qu’il s’agisse de maisons individuelles ou d’appartements de prestige, Alain-Dominique Gallizia défend la logique et le bon sens, avant la technique. Pour lui, un plan ne fait pas une maison et il ne représente pas plus la réalité qu’une carte postale de la Joconde n’est la Joconde. “J’ai une perception immédiate de l’espace en volume, un sens aigu des perspectives et des bonnes proportions, et surtout, je suis maniaque”, confie l’architecte. Le décor doit intervenir après la fonction, insiste-t-il, avant de rappeler qu’entrent également dans ses critères, le bruit, les odeurs, l’hygiène… “La décoration est l’aboutissement de l’architecture, la cerise sur le gâteau et non le gâteau lui-même… sinon, on ne garde que le goût du trop sucré.” Ce sont des idées, et non des choix.

Un accoucheur de projets

Alain-Dominique Gallizia précise qu’il déteste les appartements “maquillés” et les projets “pots de fleurs”. Rémunéré au “plus” qu’il apporte, cet œil implacable ne revendique pourtant aucune idée artistique et se voit plutôt comme un accompagnateur. “En construisant une maison sur mesure, on prend surtout la mesure de la personne pour qui on la construit”, philosophe-t-il. La médecine lui a appris l’importance de la fonction, c’est pourquoi il sait aujourd’hui “accoucher” les projets avec une écoute vigilante, aime connaître l’histoire et les racines de ses clients pour, à partir de celles-ci, faire pousser l’arbre. Le matin, dans l’agence Gallizia, on organise le travail et on dompte les urgences. L’architecte avoue sans complexes vivre en décalage et souvent gérer en retard ses appels et ses rendez-vous, ce qui laisse le temps aux autres de résoudre les problèmes qui peuvent l’être. Ses années de médecine ont appris à Alain-Dominique Gallizia la solidarité, la déontologie et l’échange, des valeurs qui lui sont chères et qu’il ne retrouve pas nécessairement dans son monde professionnel. Une belle complicité le lie pourtant à ses confrères Patrick Jouin et François Champsaur, ou encore à l’équipe Starck, avec laquelle il a collaboré sur le projet Baccarat. De sa famille piémontaise, “sublime, avec ses sept cents ans d’histoire”, Alain-Dominique Gallizia a retenu un sens de l’engagement humanitaire affirmé, mais aussi une tradition artistique intense qui se transmet de génération en génération, de Grand Prix de Rome en peintre amateur. Il ne pouvait donc rester indifférent à ce véritable “art des rues” que sont les tags, auxquels il rend hommage à travers sa collection Graffiti Art, qui s’installe du 27 mars au 26 avril dans la galerie sud-est du Grand Palais… Un événement signé Gallizia.

Photo © Pierre-Emmanuel Rastoin

Alain-Dominique Gallizia - 39 quater, rue de la Belle Feuillket, 92100 Boulogne Billancourt. Tél. : 01 41 31 08 18. https://www.gallizia.com

« En construisant une maison sur mesure, on prend surtout la mesure de la personne pour qui on la construit »