Propriétés Le Figaro

Interview

A Deauville, 85% des clients sont parisiens, Immobilier Deauville / Agence Pierre Flore

A Deauville, 85% des clients sont parisiens
Gérard Saint-Albin (agence Pierre Flore) exerce son métier à Deauville. Il porte sur le célèbre littoral un regard avisé et sans concession. Il nous confirme que Deauville est toujours le XXIe arrondissement de Paris…

Pourquoi l’immobilier ?

J’ai débuté il y a bientôt 30 ans, à Paris avec une double formation d’architecte et de décorateur d’intérieur (école Boulle). J’ai restauré des maisons que je revendais ensuite. Parallèlement à cela, je venais à Deauville en week-end, et ma résidence secondaire est peu à peu devenue principale. C’est à partir des années 90 que je me suis consacré exclusivement à l’activité d’agent immobilier, ici, à Deauville. J’exerce ce métier par goût du bel immobilier, de l’architecture, c’est pourquoi je sélectionne les biens que l’on me propose.

C’est-à-dire ?

Petit ou grand, cela n’a pas d’importance, ce qui compte pour moi c’est la qualité architecturale d’un lieu. Il faut être sélectif.

Quelles sont les principales qualités d’un agent ?

Dans mon cas, c’est ma formation d’architecte ! Elle me permet de conseiller immédiatement mes clients,“ de leur donner des idées, de les aider à imaginer les transformations possibles, les améliorations et d’en faire rapidement une évaluation financière.

Quels sont les défauts indispensables à votre métier ?

Il est très difficile de répondre à une telle question !

De ne pas tout dire par exemple…

Ah non, je ne suis pas du tout d’accord, il faut tout dire. Je suis très strict avec les vendeurs comme avec les acheteurs. On pourrait, je pense, me reprocher d’être trop tatillon. C’est sûrement vrai, je refuse en moyenne une affaire par semaine, quand j’estime qu’elle est surévaluée en raison de l’état général ou de l’emplacement.

Où passez-vous vos vacances ?

J’ai eu la chance, pendant vingt ans, de pouvoir voyager sur l’ensemble des continents, donc aujourd’hui” je les passe à Deauville, chez moi. J’habite dans les anciennes dépendances d’une grande propriété. J’ai évidemment dirigé la restauration de ces lieux, en veillant à rendre l’intérieur confortable et moderne tout en gardant le cachet d’origine à l’extérieur.

Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?

Il est toujours agréable de conclure rapidement une belle vente. Mon plaisir est également de restaurer en tant que maître d’œuvre une propriété pour des clients avec qui le courant passe bien. Cela m’arrive une ou deux fois par an. J’ai besoin d’avoir un vrai dialogue avec les acheteurs, de connaître leur manière de vivre, l’âge de leurs enfants… Tous ces éléments sont essentiels pour ne pas se tromper. Quand des clients avant même de pénétrer dans la maison, me disent, “c’est ce qu’on veut, on achète”, je suis ravi ! Cela prouve que la maison que je leur ai sélectionné était la bonne.

Votre plus mauvais souvenir ?

La discussion du prix est un aspect que je n’apprécie pas beaucoup. Je m’efforce de fixer avec le vendeur le “bon” prix. Si j’y arrive, je considère qu’il n’est pas négociable.

Que regardez-vous en premier chez un acheteur ?

J’ai appris à ne pas avoir d’a priori. Ensuite, il s’agit de ne pas se tromper sur ses intentions et ses possibilités financières.

Chez un vendeur ?

L’étroit relationnel et la confiance qui vont s’établir entre nous sont primordiales.

Le marché de Deauville fait partie des plus recherchés. Est-ce que l’on y trouve des affaires “parfaites” ?

Oui, rarement mais cela arrive. Récemment j’ai vendu une fermette parfaitement restaurée 600 000 euros. Elle était vraiment attirante. J’ai actuellement à la vente une très belle propriété du XVIIIe siècle à la sortie de Trouville avec une très jolie vue sur la mer, très bien refaite à 3,8 millions d’euros.

Les prix sont-ils surévalués ?

En ce moment, tout le monde a tendance à surévaluer les prix ou à anticiper des augmentations. C’est à nous, professionnels de l’immobilier, de raisonner les vendeurs ou de refuser de s’occuper de la vente de leur bien.

C’est quoi le juste prix à Deauville ?

C’est la synthèse de plusieurs facteurs : l’environnement, l’architecture, l’habitabilité, l’entretien, la faisabilité d’éventuels travaux. Le nouveau propriétaire désire autant de confort, si ce n’est plus, dans sa résidence secondaire que dans sa résidence principale, qui dans 50 % des cas, deviendra principale.

Qui sont vos acheteurs ?

85 % de nos clients sont Parisiens. Le mythe est vrai, c’est vraiment le XXIe arrondissement de Paris !“

Dans quel sens voyez-vous le marché évoluer ?

Je n’entrevois aucune baisse des prix, au contraire, la demande reste très importante et les biens, rares. Malgré tout ce que l’on peut lire, les acheteurs ont des possibilités financières importantes et en plus ils sont très exigeants. La région reste très attractive pour toutes les qualités qu’on lui connaît. Et Deauville a changé. Aujourd’hui, cette ville est vivante toute l’année. Honfleur, Cabourg et la bande littorale sont extrêmement prisées. Les prix s’en ressentent. Dans la campagne, les prix sont moins élevés mais ils augmentent très vite. Il y” a aujourd’hui une grosse demande pour des châteaux et de grandes propriétés qui n’intéressaient guère de monde il y a quelques années.

Votre projet d’avenir ?

Je fais partie de ces gens qui n’ont pas envie de s’arrêter professionnellement. J’aime ce métier, je l’exercerai aussi longtemps qu’il me sera donné de le faire.

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