Propriétés Le Figaro

Dossier

Les stations chic aux sommets du luxe

Les stations chic aux sommets du luxe

Dans la station du Mont-Tremblant au Québec, un chalet vaut entre1,7 et 2,2 millions de dollars canadiens

Hors de France, les stations de montagne rivalisent aussi de prestige et d’innovation. Focus sur ce marché immobilier en vogue à l’international

Des chalets aussi vastes que des hôtels particuliers avec jacuzzi et piscine, des limousines et des avions privés, des palaces étoilés… Dans certaines stations, s’il n’y avait pas les montagnes, on pourrait se croire sur un cap de la Côte d’Azur ou à Monaco. Les Alpes demeurent les hauts lieux de cette fête dorée après le ski, mais des stations d’autres latitudes les talonnent.

ASPEN, COLORADO. Inutile de chercher à Manhattan ou Palm Beach le mètre carré le plus cher des États-Unis, voire du monde. C’est à Aspen, une ancienne ville de mineurs de l’État du Colorado, qu’il se débusque, dans le décor rugueux des montagnes Rocheuses. « Le montant moyen de nos prises de mandat est de 4,5 millions de dollars et celui de nos ventes de 2,6 millions. À ce prix, on a juste un appartement de 100 à 150 m2 avec deux chambres. Le vrai chalet démarre à 5 millions et peut monter dix fois plus haut », constate Alexander Kraft, président de Sotheby’s International Realty. À la suite de la crise financière, les valeurs ont perdu jusqu’à 50 %, mais l’année dernière, elles ont effectué une remontée spectaculaire de 30 %. Cinquante milliardaires, listés par le magazine Forbes parmi les 400 plus grandes fortunes du monde, ont élu domicile près des pistes. Une formidable concentration de magnats de l’énergie, de gérants de fonds d’investissement, d’héritiers… Parmi les plus en vue, Roman Abramovich a mis la main en 2008 sur une propriété à plus de 36 millions de dollars au-dessus de Snowmass, ce qui a généré une vague de visiteurs russes. Leonard Lauder, le fils d’Estée Lauder, possède trois propriétés pour une valeur totale de 23 millions. Le self-made-man Graeme Hart, la plus grande fortune de Nouvelle-Zélande, s’est offert Aspen pour 16 millions en 2011. Durant un temps, le tycoon essaya de doubler sa mise en estimant à 32 millions son trésor des neiges, qui vaut 16,6 millions d’après les professionnels du comté. Aspen est sorti de l’anonymat en 1950, lorsque la ville organisa les Championnats du monde de ski alpin. Cette compétition, en vogue depuis 1931, n’avait jusqu’alors dressé ses podiums qu’en Europe.

TELLURIDE, COLORADO. Spot beaucoup moins souvent cité dans la presse people, Telluride fait figure de petite soeur « bobo » d’Aspen. Lorsque ses mines d’argent fermèrent, cette fille de l’Ouest, où Butch Cassidy dévalisa sa première banque, se laissa tenter par la mode hippie. Aujourd’hui, la station est devenue chic, un peu à la façon d’Ibiza. Les festivals de musique et de cinéma s’y enchaînent et le domaine skiable de 800 hectares s’adresse plutôt aux experts. Ainsi, les valeurs, plus douces qu’à Aspen, frôlent en moyenne les 2 millions pour une prise de mandat et 900000 dollars pour la vente d’un appartement ou d’un petit chalet.

MONT-TREMBLANT, QUÉBEC. Berceau de la culture francophone au Canada, le Québec ne dépayse pas. On parle la langue de Molière, que les Canadiens tentent de préserver des anglicismes : le chewing-gum se dit « pâte à mâcher » et le McDrive « service- au-volant »... Sur le marché immobilier, « les prix demeureront relativement stables en 2014 », anticipe la Fédération des chambres immobilières du Québec. La hausse de l’offre disponible devrait s’atténuer après trois ans de fortes augmentations, « principalement provoquées par des règles hypothécaires plus strictes ». Près de la station du Mont-Tremblant, le « Courchevel du Canada », la Belle Province reste raisonnable : 1,8 million de dollars canadiens pour une demeure cossue du début du XXe siècle, avec huit chambres et salles de bains attenantes. « On s’offre un chalet remarquable au prix d’un appartement en Suisse », argumente Emmanuel Glaize, directeur de Glaize Immobilier. Le promoteur vient de mettre sur le marché des chalets avec lacs privés entre 1,7 et 2,2 millions de dollars canadiens.

GSTAAD, CANTON DE BERNE. La station sans doute la plus huppée au monde. Et une place forte, impénétrable par le toutvenant : l’offre immobilière, rare comme un bijou précieux, se susurre de bouche à oreille, sans aucune publicité. Madonna vient de s’y offrir un chalet à plus de 30 millions de francs suisses qu’elle fait rénover, à quelques encablures des propriétés de Victor-Emmanuel de Savoie et de Johnny Hallyday. Les valeurs atteignent ici des sommets : de 15 000 à 40 000 francs suisses le mètre carré pour un appartement, et de 15 à 35 ou 40 millions en modèle grand chalet de luxe. Un atout : « la station admet plus facilement que d’autres, Saint- Moritz par exemple, la présence de propriétaires étrangers », signale Alexander Kraft. Les quartiers les plus convoités ? Saalen, dans le centre, Oberbach et Unterbäch.

VERBIER ET CRANS, CANTON DU VALAIS. Réputée pour son domaine skiable des 4 Vallées, Verbier accueille les hôtes de marque plutôt couronnés : familles royales de Belgique, d’Angleterre… Dans cette station, l’agence de Sion de Barnes Suisse réalise 60 % de ses transactions avec des Britanniques. « Le marché a été impacté par la levée du secret bancaire et la conjoncture européenne, témoigne Marc d’Andiran, responsable de l’agence. Auparavant, un achat se vivait comme un coup de coeur. Maintenant, les acquéreurs réfléchissent, visitent plusieurs fois et les Suisses recherchent des prix moins élevés dans d’autres stations. » Critère n° 1 du bien d’exception : une position centrale avec vue sur les montagnes. Dans ce cas, le chalet récent de 1 000 m2 avec spa, piscine, salle de cinéma, fabuleuse cave et billard peut afficher 35 à 38 millions de francs suisses. Le summum ! On parle anglais à Verbier et l’italien prédomine à Crans-Montana. Cette célèbre station, qui a accueilli Gina Lollobrigida plus d’une fois, arbore de fidèles propriétaires de la jet-set, dont Roger Moore. Ce haut plateau, plus plat que Verbier, garde une animation tout au long de l’année avec, entre autres, de célèbres tournois de golf. « La clientèle est davantage familiale, commente Patrick Espinasse, administrateur de l’Agence du golf. Pour autant, elle est élitiste, souvent basée à Genève ou Londres et possède déjà trois à quatre résidences dans le monde. » Les prix des appartements atteignent ici 10 000 à 15 000 euros le mètre carré avec « wellness » (club de fitness) dans l’immeuble. Les chalets d’exception, moins nombreux qu’à Verbier, cotent pour leur part dans les 15 à 20 millions de francs suisses. Pour 5 millions, on peut acquérir 350 à 500 m2 à quelques minutes du centre avec vue sur la montagne, domotique et label basse consommation Minergie. Parmi les autres stations suisses, Saint- Moritz organisera les Championnats du monde de ski en 2017, et cela pour la cinquième fois. Son village plus grand que celui de Gstaad donne accès à une offre assez étoffée et à des appartements à un demi-million de francs suisses.

CORTINA, VÉNÉTIE. La Perle des Dolomites. Tel est le « pseudo » de Cortina d’Ampezzo. Au coeur de la chaîne de pitons rocailleux, inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, la station tient à son caractère historique. Démolir un chalet pour le reconstruire, comme à Courchevel, serait ici un sacrilège. Une maison à réhabiliter vaut dans les 12 000 euros le mètre carré et 18 000 euros le mètre carré avec une rénovation récente. L’exception se négocie quant à elle entre 25 000 et 30 000 euros. « En pleine crise économique, j’ai réalisé une transaction à 65 000 euros le mètre carré, s’exclame Giorgio Ciarrapico, directeur de l’agence du groupe Era. C’est tout de même étonnant quand on songe que le propriétaire ne passera que trois ou quatre semaines par an dans son chalet ! » Parmi les acquéreurs, quelques Français. Pas mal de Belges. Beaucoup de Britanniques. Énormément de grandes familles italiennes de l’industrie, dont les Barilla, les Zanussi ou les Benetton. La Perle a organisé les jeux Olympiques d’hiver de 1956. Le sport lui a donné sa chance. Maintenant, ce serait plutôt les boutiques de luxe et la vie nocturne.

© Renault Philippe / Hemis.fr