Propriétés Le Figaro

Dossier

Dolce Italia, Palais vénitien, villa romaine, ferme toscane...

Dolce Italia

Venise

Palais vénitien, villa romaine, ferme toscane... que ce soit en ville, sur la Riviera ou à la campagne, ce berceau de l’Europe offre de belles opportunités.

L'Italie recèle des trésors. C'est un fait, de ravissantes propriétés déclenchent des coups de coeur. Mais la très belle offre - le nec plus ultra, le parfait cliché de carte postale – est plus rare qu’on le pense. Cela reste un objet précieux qu’on s’arrache sans merci, telle cette propriété de Portofino pour laquelle un Russe et un Ukrainien ont dernièrement livré bataille à coup de surenchères. Démarrée à près de 3 millions d’euros, la transaction s’est conclue aux alentours de 7 millions d’euros, pour le plus grand bonheur du propriétaire. Mais ce n’est pas le cas de figure le plus courant. Dans l’ensemble, l’offre dans l’attente d’un repreneur dépasse la demande. En position de force, les acquéreurs ont tout le loisir de négocier les prix. Des transactions, affichées à 8, 10 ou 15 millions, partent à moins 50 %, voire moins 60 %. Le moment est historique. Certains entendent en tirer parti.

La villa Godilonda, sur la Riviera toscane, vient d'être cédée à un entrepreneur d'Europe de l'Est après avoir appartenu aux joailliers Bulgari. La transaction de 6 millions d'euros a été conduite par Lionard Luxury Real Estate


Les étrangers à l’affût

Bien que grands amateurs de pierre, les Italiens ont déserté leur marché immobilier. La raison en est simple : l’économie nationale, comme dans d’autres pays européens, subit une croissance molle. Ce n’est pas l’argent qui manque, loin s’en faut, car l’Italie bat des records d’épargne. C’est tout bonnement la confiance dans l’avenir qui fait défaut. Fort heureusement pour la petite croissance du produit national brut que procure l’immobilier, le marché est encore soutenu par la demande internationale. Les Allemands affectionnent tout particulièrement les lacs du Nord, une région qui fut sous la domination de l’Empire austro-hongrois, et qui est restée assez germanique dans l’âme. Les Français vivent une idylle avec Venise. Les Nord-Américains se sont entichés de Côme, depuis que leur célèbre compatriote George Clooney a acquis une merveille de propriété au bord du lac. Les
Britanniques s’éparpillent un peu partout, et jettent souvent leur dévolu sur Rome. Quant aux Russes, ils apprécient la Riviera italienne qui rappelle la Côte d’Azur, sa voisine française. Cependant, on ne rencontre guère – ou très peu – de Chinois et de Brésiliens, qui poussent plutôt les portes des agences immobilières parisiennes et londoniennes. Des lacunes persistent. « Il n’y a pas de définition légale de la surface, comme la loi Carrez l’impose en France, regrette Lorenzo Mercolini, directeur de Sotheby’s International Realty Milan. Le marché reste assez confus, sans publication de statistiques officielles », poursuit-il. Les chambres de commerce et des instituts de recherche, tels Scenari Immobiliari, produisent des études sur le marché immobilier, mais leur diffusion reste confidentielle, limitée aux professionnels. Le grand public n’y a pas régulièrement accès.

Venise excelle dans la location de courte durée. Ici, le "Piano Nobile" du palais Loredan se loue 15 000 euros/semaine


L’exception milanaise

L’Italie compte peu de beaux quartiers de gratte-ciel. À Milan, la Porta Nuova fait figure d’exception. Quelques tours résidentielles frôlent les nuages, dont la Solaria, la plus élevée, haute de près de 150 mètres. Place circulaire, grands équipements culturels, centre commercial : l’ambiance pourrait être new-yorkaise. Aux trois derniers étages de la Solaria, un triplex de toute beauté de 800 m2 est en vente à 20 millions. « Il est étonnant que les autorités italiennes aient accepté la construction d’un tel ouvrage en plein centre de Milan, constate Lorenzo Mercolini qui commercialise le triplex. Cet appartement est unique et le restera durant des années. C’est en quoi il me semble un investissement de qualité », argumente-t-il. Quelques immeubles « modernes » s’élèvent à Milan, mais datent des années 1960 et 1970, une période où la créativité architecturale était rarement au rendezvous. Les valeurs de la métropole lombarde oscillent entre 7 500 et 10 000 euros/m2 dans le « Quadrilatère de la mode ». Elles peuvent monter jusqu’à 12 000 ou 14 000 euros/m2 et culminer à 20 000 euro/m2 pour ce qui concerne le très haut de gamme.


Rome, éternellement chic

Dans la capitale italienne, les biens s’échangent entre 9 000 et 12 000 euros le mètre carré. L’appartement en attique avec terrasse panoramique cote dans les 15 000 euros/m2. On dénichera des palais anciens, découpés en appartements de luxe, dans le centre historique, et des villas aux resplendissants jardins du Sud sur l’Aventin. L’appartement de 300 m2 du palazzo Albertoni Spinola, l’un des bâtiments les plus représentatifs de la Rome historique, s’enlèvera à 5,3 millions d’euros. Deux quartiers élégants affichent des valeurs plus douces : Parioli et le Trastevere, entre 7 000 et 10 000 euros le mètre carré. « Certaines propriétés sont complètement à refaire, signale Cristina Casacci, de l’agence Immobili di prestigio, partenaire du réseau Knight Frank. D’autres ont été remises en état. Beaucoup de propriétaires ont compris que leurs biens, une fois restaurés, seraient plus aptes à séduire la clientèle internationale. » Dans le Latium, à quelques kilomètres de Rome, il faut se rendre au bord de la mer, à San Felice Circeo, dont les dunes ont été foulées par Anita Ekberg et Alberto Moravia. La Villa Agave, une folle maison d’architecte, tend ses murs tout en courbes aux amateurs de spectaculaire et de singularité. On la considère comme le chefd’oeuvre de Michele Busiri-Vici, architecte visionnaire, et peut-être inspiré sur ce projet par l’Espagnol Gaudí.

Oasis de calme dans le Trastevere à Rome, une maiso de ville de 360 m², entièrement rénovée, avec terrasse de 80 m², est en vente à 4 800 000 euros


Le berceau du chianti

Les sites italiens prisés sont souvent associés à une valeur touristique. Qu’une célébrité y séjourne, et la cote monte d’un cran. Sur la Riviera toscane, par exemple, l’acteur Alberto Sordi a séjourné chaque été durant trente ans dans une villa de Castiglioncello. Le marché local s’est alors consolidé, voire valorisé. La cession de la propriété du comédien, actuellement en cours, est évaluée à 15 millions (Lionard Luxury Real Estate). Situées également en Toscane, les collines du Chianti, recouvertes par le vignoble, déroulent les paysages les plus charmeurs de la région. Chianti ? C’est sans doute une lignée de vins aussi célèbres dans le monde que le furent les Médicis, ducs de Florence et mécènes. La ferme ancienne avec dépendances, qui remonte au XIe siècle et s’est agrémentée d’une piscine et d’un court de tennis, coûte de 3 à 5 millions.


Le charme de la Sérénissime

De Pierre Cardin à Philippe Starck, nombreux sont les Français à avoir élu domicile à Venise. « Ce sont nos principaux clients étrangers », confirme Paola Poria, directrice des ventes de l’agence Views on Venice, partenaire du réseau international Savills. « Les belles propriétés n’ont pas baissé de prix, remarque-t-elle, mais peuvent perdre 10 à 30 % quand elles sont surestimées par leurs propriétaires. » Le luxe à Venise se négocie au final entre 8 000 et 12 000 euros/m2, et à 15 000 euros/m2 pour une propriété vraiment au « top ». Le pied-à-terre s’envisage par conséquent aux alentours d’un petit million d’euros… Le « piano nobile » demeure l’étage convoité, peu élevé, à la manière de l’étage noble haussmannien de Paris à l’époque où l’ascenseur n’existait pas. Les volumes sont généreux, les éléments décoratifs sensuels, comme les fresques murales et les boiseries « gothique vénitien », le style des grandes heures de la Sérénissime. « The place to be » est bien sûr le Grand Canal où s’alignent les palais, mais aussi le Dorsoduro, avec vue sur la place Saint-Marc, et le Cannaregio, tranquille et très apprécié en ce moment. Dans le Dorsoduro, on pourra mettre la main sur un bijou de 80 m2 qui appartenait à Rosalba Carriera, peintre du XVIIIe siècle. Et dans le Cannaregio, on jettera son dévolu sur un appartement de l’opulent palais Vendramin, dont la restauration s’achèvera sous peu. Venise est encore unique au monde. On comprend que madame et monsieur Clooney aient choisi d’y convoler.

A Capri, surplombant la baie de Naples, cette propriétés "les pieds dans l'eau" de 1 000 m², à 32 millions d'euros, a une vue à couper le souffle