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Cap sur les Baléares

Cap sur les Baléares

Mille kilomètres de côte, 400 plages, cinq parcs naturels et une belle offre de propriétés d'exception.

Avec son petit air de caraïbes aux portes de l’europe, l’archipel espagnol attire chaque année de nouveaux adeptes. Les marchés des trois îles principales, Ibiza, Majorque et Minorque, ont de quoi séduire.

Ils sont beaux, riches et célèbres, et ils passent une bonne partie de l’année dans leurs luxueuses villas des Baléares. Leur confortable fortune leur permettrait de s’offrir Saint-Tropez ou les caps de la côte d’Azur, mais James Blunt, Claudia Schiffer, Boris Becker et beaucoup d’autres, préfèrent cet archipel espagnol caillouteux et balayé par les vents pour une foule de raisons, dont la beauté de ses plages et ses eaux cristallines. Par bonheur, certains secteurs y ont été préservés de l’urbanisation de masse, et leurs prix ne grimpent pas jusqu’au ciel… mais pour combien de temps encore ?

Ces 500 m2 de luxe avec deux piscines se louent à ibiza jusqu'à 20 000 €/semaine. En vente à 4 500 000 € (Thibaut Poupard).

Une Correction des Prix

Comme en Espagne en général, les valeurs immobilières des Baléares se sont fortement repliées sous l’effet de la crise financière internationale et surtout du crédit trop facile, qui a fragilisé le secteur bancaire national. « Les prix se sont écrasés, confirme Laurent Morel-Ruymen, de l’agence Menorca Fincas, présente à Minorque. Mais les biens de qualité résistent mieux que les produits modestes, comme les petits appartements. Nous assistons à une légère remontée des prix en ce moment. Les transactions sont plus tendues. Sur un bien de bon niveau, au moins deux acheteurs sont présents alors qu’il y a encore peu de temps, personne ne se manifestait. » A Ibiza, la tendance s’avère comparable. « Le marché a stagné pendant quatre à cinq ans, mais depuis un an, à mon avis, il se redresse fortement », observe Thibaut Poupard, de l’agence éponyme active sur Ibiza. Pour autant, des nuances s’imposent. « L’immobilier ne s’est jamais véritablement effondré à Ibiza, c’est un peu comme sur l’île de Ré, en France », poursuit l’agent immobilier, en ajoutant que des négociations sont envisageables autour de 10 à 15 %. « Tout dépend du vendeur. S’il est espagnol, la marge de négociation peut atteindre un niveau élevé. Ce n’est pas le cas s’il est européen ou russe. » Toujours est-il que sur les trois îles en vogue, Ibiza, Majorque et Minorque,il existe une belle offre. Et un choix assez vaste pour déclencher le coup de coeur, y compris auprès des acquéreurs les plus exigeants.

Sur Ibiza, l’île aux maisons blanches, l’audacieuse architecture couleur locale de la Casa Libelai. 5 250 000 € (Savills).

Ibiza : La Jet-setteuse

L’île d’Ibiza a une réputation sulfureuse, et c’est peut être ce qui plaît le plus en elle. On connaît son goût prononcé pour la fête jusqu’au lever du jour. Des discothèques géantes, comme le Pacha, drainent un petit monde de « clubbeurs » fanatiques de dance music. Les palais les plus fins peuvent savourer les délicieuses tentations des restaurants gastronomiques qui pullulent sur l’île, comme le Lio, une filiale du Pacha qui été lancée depuis peu en face du port et des rangées de yachts. Les beaux quartiers se dissimulent dans les « urbanisations », c’est-à-dire des complexes de villas, fermés et gardiennés à l’entrée qui sont au nombre de trois ou quatre sur l’île. Les hauteurs qui ceinturent la villecentre sont souvent les repères de grandes fortunes qui recherchent une ancienne villa (une « finca ») au milieu de « nulle part », sans vis-à-vis pour que leurs fêtes ne perturbent pas le voisinage. Le luxe à Ibiza, c’est de vivre dans le lieu le plus désert qui soit. C’est sans doute une persistance de l’esprit hippie qui a régné sur l’île depuis les années soixante. Le moment le plus « chic » pour passer quelques jours sur l’île se situe lors de l’ouverture des discothèques, en juin, et un peu avant la fin de la saison, en septembre. Il est de bon ton de posséder un bateau, ne serait-ce que pour se rendre sur l’île voisine de Formentera, accessible uniquement par voie d’eau. Un lieu magique pour qui recherche des plages et des criques quasi désertes, comme Philippe Starck qui a édifié sur cette petite île sauvage l’un de ses refuges les plus retirés. La cote des traditionnelles fincas demeure élevée. Une grande propriété ancienne de 1 500 m2, sur les hauteurs d’Ibiza avec vue sur la ville, parc de 2 hectares et deux piscines, s’affiche sans aucune fausse pudeur à 18 millions d’euros. Quelques grosses maisons sont à rénover, mais rares, cart la plupart ont déjà été remises à neuf. Plus courantes, les villas contemporaines, au style épuré en vogue, oscillent entre 5 et 25 millions en fonction de la proximité avec la mer. S’il vous prend l’envie de faire construire votre maison d’architecte, sachez que ce ne sera pas chose facile. En effet, les terrains constructibles sont peu nombreux, car les autorités délivrent les permis de construire au compte-gouttes pour éviter de copier-coller l’urbanisation souvent trop poussée de Majorque. D’après Thibaut Poupard, un terrain vaut quelque 700 000 euros. La construction de la villa sera comprise entre 500 000 euros et un million. En comparaison, un studio sur un emplacement central, dans une petite rue de la ville d’Ibiza, ne vaut que 150 000 euros ! C’est un marché assez volatile, les propriétés changent souvent de mains. La revente s’opère en général au bout de trois à huit ans, sauf si le propriétaire loue régulièrement sa villa en haute saison, entre le 15 juillet et le 15 août. A ce moment de l’année, une sublime villa ultra-moderne de 400 m2 habitables avec dépendances (maisons d’amis et de gardien) peut se louer 40 000 euros/semaine. Selon Mila Gonzalez, la directrice de l’agence Ibiza Country Villas qui réside depuis près de trente ans sur l’île, Ibiza a connu durant ces dernières années une incontestable métamorphose et n’est plus seulement une reine de la nuit. « Elle est devenue une île de luxe, mais elle conserve néanmoins quelques villages tranquilles, où vivent des artistes qui perpétuent l’esprit hippie ».

De grandes ouvertures et terrasses donnent sur un jardin méditerranéen de deux hectares.

Minorque : L’écolo

Comme son nom l’indique, Minorque est la plus petite des îles touristiques baléariennes. Elle a été reconnue réserve de biosphère par l’Unesco, et par conséquent, 50% de son littoral est préservé de toute construction. Aucune route nationale n’approche ses côtes. Pour rejoindre la mer, il faut emprunter à pied de petits sentiers. L’aéroport, aujourd’hui international, n’a été édifié que tardivement. Les plages sont sauvages, et le front de mer n’est pas défiguré par le béton. Le vélo est ici très populaire. L’eau est claire, tiédie par le soleil, propice à la plongée sous-marine. Idéal pour la navigation à voile, un petit vent souffle en permanence, car il n’existe pas à Minorque de barrière montagneuse, comme sur Majorque. Le point culminant, El Toro, n’atteint que 350 m. « Les habitants souhaitent vraiment que leur île soit préservée, à l’instar des Corses, mais eux ne posent pas de bombes sur les maisons de vacances ! Au contraire, ils sont très hospitaliers », remarque non sans une certaine espièglerie Beverly Ward, négociatrice de l’agence Bonnin Sanso. La moitié du marché immobilier est dédié à la résidence secondaire. Une gamme assez complète attend preneurs, à commencer par l’appartement classique sur la côte d’une soixantaine de mètres carrés à 150 000 euros. Dans le centre des deux capitales, Ciutadella, l’artistique, et Mahon, l’administrative, les maisons de caractère à rénover ne flambent guère, aux environs de 1 500 euros/m2. Une maison de 300 m2 s’enlève de cette façon pour 400 000 euros et un peu plus si elle possède, privilège suprême, une vue sur le port ou sur un palais voisin. Dans les « urbanisations », un « chalet » (une maison) près de la plage vaut de 350 000 à 450 000 euros. Presque tous possèdent leur piscine privée. Les fincas, qui s’étendent de 30 à 300 hectares, voire 500, sont imposantes, et leur valeur varie en fonction de la taille et de leur orientation vers la mer. Ainsi, la propriété ancienne d’un certain cachet démarre à 6 millions d’euros, avec vue sur l’eau. « Une propriété comparable vaudrait une trentaine de millions à Palma ou Ibiza, relève Laurent Morel-Ruymen. A Minorque, pour deux millions, on a déjà quelque chose d’exceptionnel ». Ultime type de bien, la petite propriété de 5 000 m2 de terrain, issue du démembrement d’une finca, et vendue de 600 000 à 700 000 euros, mais sans eau ni électricité. Tout est à rénover. On a rarement vue sur mer, mais la plage ne se trouve qu’à cinq minutes. C’est un peu l’équivalent du mas dans les Alpilles. Avec en prime souvent une ancienne écurie, car l’île, berceau des chevaux minorquins à robe noire, garde une tradition équestre. Dans toutes les fêtes, en particulier celle de la Saint-Jean, les minorquins font belle figure dans les cortèges. Et ils tirent encore les attelages, nombreux sur l’île. Rien d’étonnant à ce que cette petite île, qui préserve son patrimoine environnemental comme un trésor, séduise des Parisiens. Leur demande croît de façon exponentielle. Ce sont surtout des familles qui apprécient le calme, l’environnement naturel, les bâtiments aux matériaux massifs et la culture locale, restée forte. En majorité de jeunes couples, de 30 à 40 ans, avec des enfants en bas âge. « Ce ne sont pas des nouveaux riches. Ils restent très old money, et sont tout simplement amateurs d’un luxe pieds nus », reprend le responsable de Menorca Fincas. Sa plus récente transaction qui a fait le bonheur d’un nouveau propriétaire est une finca de 180 hectares, entièrement à rénover et cédée pour 3,5 millions d’euros.  Thibaut Poupart émet une certaine réserve : « Les constructions modernes commencent à s’étendre sur Minorque dans certains secteurs. J’ai reçu la visite d’acquéreurs potentiels qui se sont rendus sur l’île, ont visité de grandes villas ultra-modernes et finalement se sont décidés en faveur d’Ibiza ». C’est la vie… Mais une existence comme celle-ci, qui permet de faire des ronds dans l’eau en face d’idylliques paysages méditerranéens, n’est pas des plus désagréables.

Sur Minorque, un rare « pieds dans l’eau » avec port privé : 9 800 000 € (Menorca Fincas).